Le tennis féminin se cherche une reine

 
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Contrairement aux hommes, la saison féminine 2011 est d’ores et déjà achevée. La République Tchèque a eu le dernier mot en remportant aux dépends de la Russie la Fed Cup, l’équivalent de la Coupe Davis. Cette année, comme depuis le départ de Justine Hénin-Hardenne, aucune n’a clairement dominé la saison de bout en bout, comme l’a fait Novak Djokovic sur le circuit masculin. Si Petra Kvitova se détache du lot et est prometteuse pour son jeune âge, il n’est pas certain qu’elle tienne le rang toute une saison. Qui peut être la future Williams ou Hénin chez les femmes ? Décryptage.

Il est loin le temps où une seule joueuse ou presque survolait la saison, ne laissant que peu de place au suspens. Tout le contraire de la saison 2011 masculine, qui aura vu un homme dominer le reste du circuit ATP. Symbole de cette absence de claire hiérarchie entre les toutes meilleures joueuses, les 4 gagnantes d’un tournoi du Grand Chelem (Open d’Australie, Roland-Garros, Wimbledon et US Open) sont toutes différentes. Une revenante d’abord, en la personne de Kim Clijsters, qui avait arrêté le tennis pendant deux ans pour fonder une famille ; une victorieuse inédite avec la Chinoise Li Na qui rapporte à la Chine son premier Grand Chelem en simple de son histoire ; la toute jeune mais pétrie de talent Petra Kvitova qui remporte son premier GC dans le mythique terrain de Wimbledon ; et enfin Samantha Stosur, joueuse confirmée mais souvent trop juste en GC qui gagne à Flushing Meadows.

Bref, il est donc très difficile de véritablement parler de domination d’une femme du circuit. Petra Kvitova, la Tchèque, est la plus titré cette année. Et c’est elle qui a remporté quelques tournois parmi les plus prestigieux, comme Wimbledon donc, mais aussi la Fed Cup et le Masters de fin d’année, qui rassemble les 8 meilleures de l’année. La jeune femme n’a que 21 ans, mais possède déjà un palmarès à faire jalouser beaucoup de ses adversaires. Elle possède un avantage sur la majorité du circuit : son coup droit de gauchère donne du fil à retordre à bien de joueuses. Kvitova se caractérise également par sa force, sa puissance qui fait extrêmement mal, et qui couplée à sa technique fait des ravages. Espérons qu’avec son jeune âge, elle puisse tenir ce niveau-là sur une saison entière, et que la pression ne soit pas un poids trop lourd à porter. Mais Kvitova fait partie des grandes joueuses déjà, et peut atteindre les sommets d’ici peu. À noter que la Tchèque est deuxième au classement WTA, à quelques encablures seulement de Wozniacki.

Justement, Caroline Wozniacki est une numéro 1 mondiale un peu particulière. En effet, la Danoise n’a jamais, pour l’heure, remporter de tournois du Grand Chelem, et semble céder lorsque les enjeux sont trop importants. La jeune femme a du talent, c’est un fait avéré, mais elle gère sa carrière étrangement. Elle s’aligne de temps à autre sur des tournois secondaires, ce qui ne lui apporte guère de points et peu d’assurance sur ses performances. De plus, la dynamique de la saison de Wozniacki est inquiétante. Démarrant sur les chapeaux de roue, elle a fini la saison carbonisée. Son dernier titre remonte à New Haven, fin août, et le précédent datait du mois de juin. Autant dire que la Danoise a fait la quasi-totalité de sa saison sur les six premiers mois.

Wozniacki a également été sévèrement critiqué, par son père et le monde du tennis, pour son goût pour l’affichage médiatique et les incessantes publicités dans lesquelles elles s’affichent. Sa famille lui a reproché ses excès, qui l’empêchent en effet de s’entraîner dans les meilleures conditions. La place de numéro 1 ne tient qu’à un fil, mais surtout la Danoise sera dénigrer tant qu’elle ne remportera pas de GC.

Derrière, les prétendantes sont nombreuses. La Biélorusse Azarenka est très douée, mais il lui manque encore un peu d’expérience et de confiance en elle. Nul doute qu’elle peut atteindre elle aussi des sommets d’excellence.

La Russe Maria Sharapova, qu’on annonçait plus jeune comme la future «crack» du circuit, peine à confirmer. Cette saison encore, son bilan est famélique comparé à son talent. 2 titres pour 2 finales perdues, c’est trop peu pour une joueuse qui dispose d’un tennis aussi développé et talentueux. Mais son mental, trop inconstant, lui joue souvent des tours. Embarquée dans des situations périlleuses, la Russe peut faire des miracles, comme complètement se décourager et perdre. Son inconstance est un de ses plus grands problèmes.

Et les Françaises dans tout ça?

Chez les Françaises, les temps sont durs. Parlons tout de même de Marion Bartoli, qui a réalisé une saison époustouflante, incontestablement la plus belle de sa carrière. La Française s’impose également comme une outsider qui peut potentiellement gravir encore quelques places au classement WTA. Actuellement neuvième mondiale, la native du Puy-en-Velay peut légitimement, au vu de son année 2011, atteindre le top 5. Car la meilleure joueuse Française au monde cette saison peut se targuer d’avoir atteint les demi-finale de Roland-Garros et les quart de Wimbledon, où elle s’est payée le luxe de battre en deux sets Serena Williams, certes à court de forme mais qui reste diaboliquement efficace. Elle a également récolté deux titres, certes mineurs, mais elle a enrichi son palmarès, atteignant désormais les 7 titres en carrière. Et lors du Masters de fin d’année, la Française a eu le privilège de participer, en tant que remplaçante de Maria Sharapova, blessée, à un match, certes sans enjeux, du Masters d’Istanbul. La Française a vaincu la Biélorusse Azarenka, et démontré une fois de plus son talent et son mérite de grande championne.

Si Bartoli s’est ensuite blessée au Masters bis de Bali, nul doute que la Française reviendra encore plus fort en 2012. Joueuse au très fort caractère mais qui se bat jusqu’au bout, Bartoli peut tout à fait remporter un tournoi du Grand Chelem et profiter de l’absence d’une domination d’une joueuse. Seule ombre au tableau pour elle, son refus de jouer en Fed Cup avec l’équipe de France, qui aurait pourtant bien besoin d’elle.

Hormis Bartoli, le tennis féminin tricolore n’a guère de raisons d’espérer. La seconde meilleure Française, Pauline Parmentier, se situe au 74ème rang. Aravane Rezaï, un moment pressenti comme un grand espoir, et notamment après sa victoire en Masters 1000 de Madrid en 2010, n’a pas confirmé et est sorti du top 100.

Pour voir un motif de satisfaction, il faut se tourner vers Caroline Garcia. La jeune femme de 18 ans pointe au 150ème rang mondial et multiplie les performances dans les tournois du Grand Chelem junior. Si la barre reste encore trop haute pour en remporter un et mieux figurer en Grand Chelem «sénior», la Française s’est tout de même distinguée, en étant à deux doigts d’éliminer Maria Sharapova cette année aux Internationaux de Paris. Caroline Garcia représente le futur du tennis féminin bleue.

Jérôme COLLIN

Auteur: Alex

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